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Kinopera (live and studio 1996)

by François Ribac and Eva Schwabe

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    Purchasable with gift card

     

1.
Elle a mille ans la ville, Le ville âpre et profonde; Et sans cesse, malgré l'assaut des jours Et des peuples minant son orgueil lourd, Elle résiste à l'usure du monde. Par les quais uniformes et mornes, Et par les ponts et par les rues, Se bousculent, en leur cohues, Sur des écrans de brumes crues, Des ombres et des ombres. Un air de soufre et de naphte s'exhale ; Un soleil trouble et monstrueux s'étale ; L'esprit soudainement s'effare Vers l'impossible et le bizarre ; Crime ou vertu, voit-il encore Ce qui se meut en ces décors. O ce monde de fièvre et d'inlassable essor Rué, à pleins poumons lourds et haletants, Vers on ne sait quels buts inquiétants ? Le rêve ancien est mort et le nouveau se forge. Il est fumant dans la pensée et la sueur. Drapée en noir et familière, La Mort s'en va le long des rues Longues et linéaires. Drapée en noir, la Mort Cassant, entre ses mains, le sort des gens méticuleux. Vêtue en noir et besogneuse, La Mort s'en va le long des rues.
2.
Là des femmes rousses Reniant l'amant Souterraines sources Pleurent doucement Là des hommes pâles Mordus de remords Appellent d'un râle Leur mère la mort Et leur front s'effrite Comme le vil plâtras L'âge marque vite Ceux qu'il mangera Le visqueux silence Tampon de terreur Quintuple la transe Des mauvais dormeurs Quand la nuit opaque Se zèbre soudain Une porte claque Un phare s'éteint C'est d'une naissance Le cri pointu c'est Cruelle alternance Un grave décès Mais tant de supplices Sont immérités Dans les précipices De l'humanité De l'ultime zone Un tout petit vent Né dans un nid d'aulnes Souffle allègrement
3.
Haut dans les immeubles Alpes de ciment Les hommes aveugles Rêvent lourdement Tôt le labyrinthe Noir des boulevards S'emplit d'ombres peintes De sang et de fard Sous le chloroforme D'irréels éthers Les cités s'endorment Croûlants belvédères Quand la nuit opaque Se zèbre soudain Une porte claque Un phare s'éteint Et sous leurs persiennes On entend parfois Ceux qui vont et viennent Demander pourquoi Pourquoi les lémures Vengeant l'inconnu Meublent de murmures Leur sommeil ténu Que les promontoires Les fiers panthéons Soulignent leur gloire D'un fil de néon Quand la nuit opaque Se zèbre soudain Une porte claque Un phare s'éteint Là des femmes rousses Reniant l'amant Souterraines sources Pleurent doucement Là des hommes pâles Mordus de remords Appellent d'un râle Leur mère la mort Et leur front s'effrite Comme le vil plâtras L'âge marque vite Ceux qu'il mangera Le visqueux silence Tampon de terreur Quintuple la transe Des mauvais dormeurs Quand la nuit opaque Se zèbre soudain Une porte claque Un phare s'éteint C'est d'une naissance Le cri pointu c'est Cruelle alternance Un grave décès Mais tant de supplices Sont immérités Dans les précipices De l'humanité De l'ultime zone Un tout petit vent Né dans un nid d'aulnes Souffle allègrement Sous le chloroforme D'irréels éthers Les cités s'endorment Croûlants belvédères Quand la nuit opaque Se zèbre soudain Une porte claque Un phare s'éteint Que les promontoires Les fiers panthéons Soulignent leur gloire D'un fil de néon Quand la nuit opaque Se zèbre soudain Une porte claque Un phare s'éteint (bis)
4.
Lorsque Jean sans Terre Boit en pleine nuit La bière lunaire Qui mousse sans bruit Il boit goutte à goutte Il boit fort et sec Mais il boit le doute Et l'angoisse avec Car le solitaire Aura soif toujours Rien ne désaltère Le buveur d'amour Le blême liquide Partout répandu Infuse aux coeurs vides Le rêve perdu Mais trop de lumière Ne fait que voiler Les mille mystères De l'ange étoilé Lune inoxydable Nénuphar d’éther Ta neige de sable Brûle notre chair Tout l'esprit des choses Se résorbe en toi Tes métamorphoses Dictent notre loi Sous les météores Que l'espace éteint Sois la mandragore Dans un lit de thym Lune à jamais rousse Mortelle aux saisons Tu nous éclabousses Du pâle poison Et sur les décombres Des palais vermeils Le monde des ombres Retourne au sommeil
5.
Ce sont des hommes, des femmes, des enfants ; ces derniers, pour la plupart accompagnés de mains de femmesm. Il serait difficile de les énumérer tous et de raconter leur destin, ce ne serait loisible que pour quelques-uns. Le vent les saupoudre indifféremment de sciure. L'aspect des pèlerins vers l'est ne se distingue en rien de celui des pèlerins vers l'ouest, vers le sud et vers le nord. Du reste, les rôles sont interchangeables, on le verra une heure plus tard. Il y en a même qui bifurquent, qui vont du sud à l'est, du nord à l'est, du nord à l'ouest, du sud à l'ouest. Ils sont aussi réguliers que ceux qui meublent l'intérieur des tramways et autobus. Ceux-ci sont assis en poses diverses et augmentent ainsi le poids inscrit au-dehors des voitures. Ce qui se passe dans leur âme, qui l'éluciderait ? Un chapitre énorme. Je suis si seule Si je trouvais Au moins l'ombre D'un cœur aimant Ou quelqu'un Qui m'offre une étoile Toujours les anges La saisiraient au vol De ci de là J'ai peur De la terre noire Comment m'en irais-je ? J'aimerais être enterrée Dans les nuages Partout où croît le soleil (bis) Je suis si seule Si je trouvais Au moins l'ombre D'un cœur aimant Et les voici en route, pesant cent à deux cent livres, revêtus de leurs habillements, chargés de sacs, de paquets, de clefs, de chapeaux, de râteliers et de bandages herniaires - en route sur l'Alexanderplatz - et qui conservent les bouts de papiers oblongs et mystérieux où lire se peut : Ligne 12, DA, BCC et autres signes cabalistiques et profonds, perforés à quatre endroits de ce billet, ainsi libellé dans la même langue allemande que la Bible et le Code Civil. Roumm, Roumm, Remouton. Encore un rail. La police de circulation, formidable, gouverne la place. On la trouve, sur la dite place, en plusieurs exemplaires. Chaque exemplaire regarde à droite et à gauche, d'un oeil expert. Guêtres aux jambes, matraques de caoutchouc au flanc droit. Quand ses bras s'étendent de l'ouest à l'est, le nord et le sud s'arrêtent, l'est coule vers l'ouest, l'ouest vers l'est. Puis l'exemplaire tourne automatiquement : le nord afflue vers le sud, le sud vers le nord. L'uniforme de l'agent souligne énergiquement la taille, son mouvement déclenche le transbordement de trente personnes privées, qui, en partie, s'arrêtent au refuge, en partie traversent d'un coup et continuent leur chemin. Le même nombre a nagé en sens inverse. Tous sont arrêtés, rien n'est arrivé.
6.
Voici l'homme : admire son œil triomphant La fleur du sourire Aux lèvres d'enfant Voici l'homme J'ai perdu mon nom Vous rappelez-vous ? Il y a longtemps Qu'on disait qu'il était fou J'ai perdu ma terre Qui n'était qu'un peu de poussière Dans une boite d'allumettes Pour couvrir ma tombe dernière
7.
A la dérive Entre les rives rivales La rive du désir et celle de l ́oubli Ma vague divague Ma vie descend Le fleuve incandescent Je suis l ́Unique et l ́Etre Double Le Roi de Cœur debout et à l ́envers Perdant gagnant Passant passé au jour la mort Je suis le Moi et déjà ma mémoire Regarde le Fleuve, regarde le Fleuve : Je suis l ́Instant Je suis l ́Instant au double au double message Bien que ma rive droite ignore ma rive gauche En mon nom se marient l ́Est et l ́Ouest Je suis la noce du Oui et du Non Je suis l ́homme aux deux rives je suis l ́homme Aux deux profils: le saint et l ́assassin Le saint et l ́assassin De la main gauche de chair à la main pâle de l ́âme Le fleuve de sang compte les vagues du temps Je suis le Roi de Cœur Passant passé jouant sur deux tableaux je gagnerai la mort. Je suis l ́Unique et l ́Etre Double Le Roi de Cœur debout et à l ́envers Perdant gagnant Passant passé

about

www.lesribacschwabe.net/kinopera.html

KINOPERA

Music : François Ribac
Dramaturgy : Eva Schwabe et François Ribac
Stage director: Denis Krief
Assistant choreography: Bénédicte Charpiat

Vocals by Marie Faye, Eva Schwabe, Cyrius Martinez, Frédéric Faye
Sound: Charles Frossard
Instrumental music performed by 2 Revox

KINOPERA was performed during 1996 and 1997 in theaters, festivals and movie theaters in France.

There was a time - around 1902 especially in Germany - when silent movies were accompanied by singers. During the screening of a silent film, a costumed tenor placed in front of the screen was trying to synchronize his (her) lips with the music played by a hidden gramophone. The repertoire included opera arias, popular songs or musical parodies, not always directly related to the film.

Excited by this discovery in Siegfried Kracauer's book "From Caligari to Hitler" we developed the project KINOPERA. While the movie "DIE STRASSE" (1923) by Karl Grune was screened, four singers interpreted a score and came alive in front of the screen. The music was played by two tape recorders. The movie we had choosen is the first one of a serie of German "street" films. The street as the lure of the big city, where the petty bourgeoisie is exposed to temptations and danger. The movie set of the movie had been imagined by the painter Ludwig Meidner, a major figur of German Expressionism.

We decided to confront the film with poems from that time before WWI and with strong relations to the theme of metropolis. The lyrics we have choosen were written by Ivan Goll, Emile Verhaeren, Georg Trakl, Else Lasker-Schüller, Georg Heym, Ernst Stadler, Alfred Döblin, Erich Muhsam, Max Hermann-Neisse and Edlef Köppen.

The music was recorded in 1996 in a studio Ivry-sur-Seine, France for demos and also during several live performances in 1996 and 1997.


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credits

released January 18, 2016

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about

François Ribac and Eva Schwabe France

French composer François Ribac and german singer Eva Schwabe have been working together since the early nineties. Together they have created and performed various operas and plays as well as music for silent movies. Their records have been published by MUSEA (France) and No Man's Land (Germany) ... more

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